L'art de vivre heureux, qu'Épicure exhorte son disciple Ménécée à mettre en œuvre, constitue bien un travail, en ce sens qu'il s'agit de déconstruire nos représentations erronées, afin de trouver dans la connaissance de la nature des principes qui nous soulagent de nos craintes et, dans la nature elle-même, un guide qui nous enseigne comment faire un bon usage de nos désirs.
Ce travail constitue par ailleurs un devoir que chacun a envers lui-même, dans la mesure où, aspirant au bonheur, il serait inconséquent de sa part qu'il ne travaille pas à mettre en application des préceptes qui lui permettront de l'atteindre.
Cependant, cette sagesse ainsi comprise comporte des conditions, à commencer par celle de vivre, retiré, parmi ceux qui la partagent : si l'amitié joue un rôle déterminant dans cet art de vivre, en revanche, elle se pratique à l'écart du monde et de la Cité, dans une forme de retraite.
Cette retraite, pour s'adonner à la méditation, nous la retrouvons dans plusieurs cultures, sous des formes différentes, mais qui ont en commun de considérer que c'est seulement séparé du monde (on pense par exemple à la vie monastique) que l'on peut atteindre la sagesse. Est-ce à dire qu'il serait impossible de travailler à être heureux au milieu du monde ?
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